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helene gremillon - Le confident & la garconniere

 

 

Jeudi dernier, j'ai eu le plaisir de rencontrer  Hélène Grémillon​, auteur du Confident & de La Garçonnière, tous deux parus aux éditions Gallimard​ / collection Folio​ (entre autres).

 

Écrivain(e) de talent, dont le premier roman a été traduit en 27 langues et a reçu 5 prix littéraires, femme douce et généreuse, Hélène Grémillon a bien voulu partager avec moi son parcours d'auteur, de lectrice et de femme. Mes questions sont donc davantage tournées vers l'humain et moins sur ses romans (dont vous pourrez retrouver mes chroniques dans quelques temps).

 

 

Voici ses confidences :

 

*Roxane :

Bonjour Hélène Grémillon. Ravie de vous rencontrer. Aujourd’hui, vous êtes à Grenoble pour présenter et dédicacer vos livres « Le Confident Â» et « La Garçonnière Â» (publiés chez Gallimard, collection Folio). Je vous remercie pour cet entretien. Pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas (encore), parlez-nous un peu de vous…

Hélène :

De moi ? Je suis originaire de Poitiers où j'ai vécu et étudié jusqu'à ce que je décide de venir à Paris pour faire mon DEA à Sciences Pô. Comme il n'y avait pas de Sciences Pô à Poitiers, c'était le biais par lequel j'ai réussi à partir. Ensuite, j'ai vécu à Paris pendant plusieurs années où j'ai donc fait ces études d'histoire.

Je sortais d'études de lettres modernes. Après ces études en lettres, je me suis retrouvée devant une problématique professionnelle parce que je me suis rendue compte que je ne voulais pas travailler  dans l'enseignement.  Et malheureusement, les études de lettres ne nous amènent, principalement,  qu'à l'enseignement. C'était très décevant.

Il y a un principe de réalité qui m’a rattrapée  et qui a fait « pam pam Â» en moi. Je me suis rendue compte que j’avais fais des études de lettres par plaisir (parce que c’était ce que je préférais faire, lire) mais que je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire comme métier. 

 

Vous changeriez votre parcours ? Ce choix d’études ?

Si c’était à refaire, je ne changerais rien, probablement.  Je pense que que j’ai seulement été choquée par l'absence de métiers au sortir de ces études, qui sont longues, contraignantes et  intellectuellement demandeuses. Selon moi, ces études sont discréditées : je pense que l'écriture & l'intelligence abstraite (quand je parle d'intelligence, je ne parle pas de niveau d'intelligence, je parle de principe d'intelligence) ne sont pas des choses qui sont très bien reconnues ou payées en retour. Je m’explique : au final, on ne comprend pas très bien où on peut s'incarner dans la vie sociale des « grands Â», des adultes. En fait, on est un peu contraints de s'enfermer dans ses livres mais les livres, ça n'a jamais nourri personne.

 

 

Comment avez-vous rebondi sur le métier d’auteur du coup ?

Au début, j'ai manqué de courage et d’imagination. Je ne voyais absolument pas ce que je pouvais faire. On m’a parlé du métier d’éditeur. Mais pour devenir éditeur, il fallait que je repasse par la case « Ã©tudes Â» pour faire un DESS d'édition. Pour moi, être éditeur, ça devait être un métier qui s’apprend « sur le tas Â», pas en cours.

Et là, ça a été la révélation : j’ai eu envie de reprendre les études mais pour une plus-value culturelle (pas pour un diplôme), tout en cherchant un stage en parallèle.  J'ai couplé un parcours universitaire en histoire et un stage en maison d’édition ;

C’est là où vous avez fait votre entrée chez Gallimard ?

J'ai présenté un sujet de mémoire à Sciences Pô (sur une revue de Gallimard), et grâce à cela, j'ai obtenu un stage chez Gallimard. Ça a été un vrai stage comme le mot le laisse le deviner : rien de très intéressant ou agréable J’étais surtout attitrée au tri des documents à la cave.

 

D'ailleurs, quand j'ai terminé d’écrire « Le Confident Â» et que le roman été racheté en poche, je me suis tournée vers Gallimard. Des tas de maisons d’éditions qui font du poche m’ont approchée pour acheter « Le Confident Â» et Gallimard aussi. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et malgré ce stage dans les « caves Â» de Gallimard, vous avez dit oui ?

Financièrement, c’était un mauvais choix. Mais je n’aime pas ce qui est très pragmatique. Je préfère ce qui est symbolique : je ne pouvais pas ne pas prendre Folio, justement, parce que j'avais passé 8 mois dans la cave, et que de passer de la cave de Gallimard à la salle de signature, c’est juste un  rêve. J'aime cette collection. J'aimais l'idée d'en faire partie. Et symboliquement, dans la pudeur de mon intimité, j'avais envie d'effectuer ce retour par la grande porte !

 

 

Vous souhaitiez « boucler la boucle Â» ?

La vie elle est faite comme ça. C’est un cycle. Il  a des moments moins consacrés et des moments plus consacrés. Je me suis dit qu’il fallait que je finisse cette boucle. J’ai donc décidé de suivre Gallimard dans cette aventure et personne n'a pu m'empêcher de faire ce choix.

On a l’impression que Gallimard rythme votre vie. Et cela, depuis vos études de lettres. Pourquoi ?

La première raison, c'est que j'aime leur collection profondément. Pendant toutes mes études, dès qu'on avait un livre classique à acheter,  j'allais vers leurs collections.

Quand Gallimard m’a proposé de racheter les droits du « Confident Â» pour le sortir en poche chez Folio, j'étais super contente. Je trouve que le blanc immaculé de cette collection correspond à mon esthétique du livre. Et d'ailleurs, ça ne s'est pas démenti au fil du temps !

 

 

En tant qu’auteur, et, du coup, étudiante en lettres, vous devez être une grande lectrice aussi. Que lisez-vous ? Un livre préféré ?

J'étais une immense lectrice.  Et non, je ne peux pas répondre à cette question : je n’ai pas de livre favori. Pour moi, la lecture est liée à un moment, c'est lié à un espace temps. Je pourrais conseiller un livre à un moment à des gens, et un livre totalement différent la minute d’après.

Je n'ai pas de livre sur lequel je me retourne.

  • Si on me demande ma première expérience de la littérature étrangère, je répondrais John Irving. Et en même temps, je ne sais pas si c'est John Irving ou Jonathan Coe.

  • Si on me demande le  livre intellectuel vers lequel je pense que je retournerais, c'est le Shakespeare par Victor Hugo.

  • Si on me demande,  le livre qui m’a le plus fait pleurer, c'est le Livre de ma mère d'Albert Cohen.

  • Si on me demande le livre le plus traumatisant pour moi, c'est Belle du Seigneur d'Albert Cohen.

  • Si on me demande un moment de légèreté en littérature, je répondrais Monsieur Mallaussène de Daniel Pennac.

 

 

Vous avez un nouveau projet d’écriture ? Ou souffrez-vous du « hangover Â» de l’écrivain ?

Ah, c’est un terme assez juste pour définir l’état dans lequel je me trouve actuellement. Je ne l’avais jamais entendu être utilisé dans cette situation. Oui, c’est comme si je sortais d’une vilaine cuite : je me sens un peu dans le brouillard, je me sens complètement vidée. L’accouchement de « La Garçonnière Â» ne m’a pas laissée indemne : contrairement au « Confident Â». J’aime bien ce mot de « hangover Â», ça décrit parfaitement mon état post-écriture.

Je suis dans un moment de flottement. Parce que le fait d'écrire tient à distance l’auteur de la lecture. C’est d’ailleurs un des grands drames de l'écriture pour moi. Le temps ne s'exerce plus de la même manière dans ma tête lorsque j’écris : je ne peux pas lire quand la journée d'écriture se termine. J'ai vraiment la tête ailleurs et je suis très fatiguée. Je n’arrive pas à avoir le recul nécessaire pour ouvrir un livre qui n'appartient pas à ce que je suis en train d'écrire.

Et puis, il y a trop de livres : ça ne sert à rien d’écrire. Quand je vais dans des librairies (qui avant étaient pour moi des lieux de bien-être), je me sens mal. Ça me donne le vertige, ce trop plein de livres. Cela étant dit, ça vaut pour la littérature générale, car je prends plaisir à découvrir avec mon fils, Léonard, les rayons jeunesse, que je ne fréquentais pas avant.

 

Une dernière question pour finir : quel est votre parfum de glace préféré ?

[Rires] ça, c’est un peu comme en littérature : le choix est cornélien. Mais je vais choisir le citron, lorsque j’ai besoin de fraicheur, et vanille, quand j’ai besoin de douceur.

 

 

Merci beaucoup pour votre douceur et votre passion Hélène ! A bientôt ! Au plaisir !
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